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CAFÉ JURIDIQUE N°12: PRÉVENTION ET RÉPRESSION DES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES AU BÉNIN : CAS DES VIOLENCES EN MILIEU PROFESSIONNEL

Le 08 Mars est pour les acteurs militants en faveur des droits des femmes, l’occasion de faire un bilan sur la situation des femmes à travers le monde, célébrer les victoires et les acquis, mais surtout de réitérer les revendications et poursuivre le combat pour les droits des femmes. « Leadership féminin : Pour un futur égalitaire dans le monde de la Covid-19 », c’est le thème retenu par les Nations – Unies pour l’édition 2021. Faisant le lien avec ce thème et l’actualité en général, le Café Juridique de cette semaine s’intéresse aux violences faites aux femmes en milieu professionnel. Nous faisons la lumière sur les dispositions de l’article 21 de la loi n°2011-26 du 09 janvier 2012 portant prévention et répression des violences faites aux femmes au Bénin.

Les femmes face aux violences en milieu professionnel

Si les violences faites aux femmes sévissent généralement dans le cercle familial ou marital, il est à retenir que le mal a également pris siège telle une gangrène dans des milieux professionnels. Que ce soit dans les sphères professionnelles privées ou publiques, les femmes sont victimes de violences sexistes ou sexuelles, menacées sur leur lieu de travail et parfois même agressées physiquement. Début 2018, une femme sur trois révélait avoir subi le harcèlement sexuel au travail et un homme sur quatre dans le monde banalise encore les violences sexuelles au travail, selon CARE INTERNATIONAL.

S’il y a bien obligation pour l’employeur d’agir, de prévenir et de sanctionner, la réalité s’avère bien différente. Beaucoup de femmes n’osent surtout pas en parler et continuent de les subir au quotidien. Aucune région du monde n’est épargnée. Et lorsque les femmes ont le courage de dénoncer ces violences, elles ne sont pas prises au sérieux, ne sont pas écoutées et bien souvent, aucune mesure n’est mise en place au sein de l’entreprise pour les protéger. Dans la plupart des cas, la situation se règle en défaveur des victimes.

Au Bénin, quelles lois de protection pour les femmes victimes ?

Les violences au travail sont un véritable fléau. Ainsi donc, le parlement béninois, a su très vite légiférer dans ce sens, à l’instar des autres parlements africains où le mal sévit, dans le but d’offrir davantage de protection aux femmes victimes de violences. La loi n°2011-26 du 09 janvier 2012, portant prévention et répression des violences faites aux femmes prévoit toutes les dispositions liées à la dénonciation et aux sanctions des violences faites aux femmes en général et les violences en milieu de travail en particulier.

L’article 21 de la loi n°2011-26 du 09 janvier 2012, portant prévention et répression des violences faites aux femmes dispose : « La salariée victime de violences dans ou hors de l’entreprise aura droit, sur sa demande et après avis conforme du médecin du travail, à la réduction temporaire ou à la réorganisation de son temps de travail, à une mutation géographique, à une affectation dans un autre établissement, à la suspension de son contrat de travail et à la démission sans préavis. À l’expiration de la suspension de son contrat de travail, la salariée retrouve son précédent emploi ».

La loi a donc prévu dans les dispositions de l’article 21, une gamme variée de droits mis à l’actif des femmes victimes de violences dans le cadre de leur travail. Elles peuvent légitimement en réclamer la jouissance. De l’analyse minutieuse et brève de cette disposition, ces droits liés au travail tel qu’il ressort du chapitre 2 du titre 3 traitant des droits des femmes victimes de violences sont au nombre de six (06). Il s’agit notamment du droit à :

– La réduction temporaire ou à la réorganisation du temps de travail ;

– La mutation géographique ;

– L’affectation dans un autre établissement ;

– La suspension du contrat de travail ;

– La démission sans préavis ;

– L’occupation du précédent emploi à l’expiration de la suspension du contrat de travail.

Procédant ainsi, le législateur béninois entend permettre à la femme victime de violences de se soustraire de l’emprise de ces violences et d’être professionnellement bien épanouie et d’accomplir avec diligence et professionnalisme le travail pour lequel elle est recrutée et rémunérée.

Toute femme salariée victime de violences en milieu professionnel peut légitimement se baser sur cette disposition pour réclamer la jouissance des droits mis à son actif. En cas de refus de lui reconnaître le bénéfice de ces droits par sa hiérarchie, elle est fondée à saisir l’inspecteur du travail et le cas échéant le juge social. Mais préalablement à la saisine de l’inspecteur du travail, il revient à la salariée victime de déclencher le processus de bénéfice de ces droits par une demande et ce n’est qu’après avis conforme du médecin du travail qu’ils peuvent lui être accordés.

Le leadership féminin en milieu professionnel

L’évolution des cultures d’entreprise valorise de plus en plus aujourd’hui les talents féminins. En effet, le monde professionnel a été pendant longtemps, le berceau du leadership masculin, puisque construit sur un modèle masculin.

Le leadership en général est défini comme la capacité d’un individu à influencer, à motiver, et à rendre les autres capables de contribuer à l’efficacité et au succès des organisations dont ils sont membres. Il désigne également les comportements que l’on peut reconnaître à celui qui assure la « fonction du leader ».

Bien que récent, le leadership féminin peut s’avérer très différent de celui de l’homme. Il s’agit d’un nouveau type de leadership, basé sur des compétences socio-émotionnelles. Un leadership au féminin est plus attentif mais tout aussi exigeant. Les compétences et qualités féminines, telles que la bienveillance, l’altruisme et le partage, poussent les femmes à mener leurs équipes de travail différemment de leurs homologues masculins. Plusieurs études ont montré que les femmes sont passionnées et habitées par leur travail, ce qui les pousse à vouloir toujours aller de l’avant et elles obtiennent généralement une forte adhésion de leur équipe autour d’elle.

Le leadership féminin est un enjeu d’actualité. Le thème de l’édition 2021 de la Journée Internationale des droits des Femmes met d’ailleurs en lumière les nouveaux obstacles qui sont apparus avec la pandémie de Covid-19, outre les obstacles sociaux et systémiques préexistants qui persistent à entraver la participation et le leadership des femmes.

L’opportunité pour les entreprises aujourd’hui, c’est de donner aux femmes un plus grand leadership. Plus largement, les femmes doivent s’autoriser à occuper des postes de pouvoir et oser se projeter en tant que leaders.

Jésukpégo Elie GBEDEMAKOU, Directeur du Département Paix & Droits de l’Homme – Chargé des relations avec les institutions

Teslanik Gbèdonou HOUNDEGNON, Directrice Exécutive.

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